SEREALINA – Sécurité et Résilience Alimentaires en Nouvelle Aquitaine
De la durabilité des systèmes alimentaires aux transitions justes : les enjeux d’un programme de recherche en Nouvelle Aquitaine 

Contexte

Depuis plus d’une dizaine d’années, la question de la sécurité alimentaire des populations est redevenue un sujet important, aussi bien au niveau mondial qu’à l’échelle d’un pays comme la France et de ses territoires. Au niveau mondial, les émeutes de la faim dès 2008 ont révélé la fragilité de systèmes alimentaires que l’on savait certes pour certains, comme en Afrique ou en Amérique latine déjà fragiles, mais dont on pensait qu’elles n’étaient qu’un mauvais souvenir. Aujourd’hui, c’est la guerre en Ukraine qui fait craindre le retour des crises alimentaires au travers de la raréfaction du blé et de l’envolée de ses prix conduisant Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à parler d’un risque d’effondrement du système alimentaire mondial.

La FAO a signalé qu’entre 702 et 828 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, avec des projections pessimistes jusqu’en 2030. Le changement climatique continue d’aggraver cette insécurité, rendant urgente la nécessité de réformer les systèmes alimentaires pour les rendre durables.

« Un système alimentaire se définit comme « la manière dont les hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture »

Face à ces défis, plusieurs initiatives mondiales ont été lancées pour promouvoir des systèmes alimentaires plus résilients. En 2015, le pacte de Milan a été signé par une centaine de villes pour promouvoir la durabilité dans les systèmes alimentaires locaux. En 2021, un sommet crucial s’est tenu à New York, organisé par l’ONU, pour positionner l’alimentation au cœur des Objectifs de Développement Durable. La pandémie de COVID-19 a également révélé les faiblesses structurelles des systèmes alimentaires, exacerbant les problèmes d’emploi et de revenus, et aggravant l’insécurité alimentaire à travers le monde.

Panorama français

En France, diverses politiques ont été mises en place pour répondre à ces défis. Depuis 2000, des initiatives comme le Plan National de l’Alimentation, lancé en 2010, et diverses lois visent à améliorer la durabilité des systèmes alimentaires français. Ces efforts comprennent le renforcement des pratiques agricoles durables, la promotion de l’alimentation saine, et la gestion des pathologies liées à la nutrition.

La région de Nouvelle-Aquitaine, en particulier, joue un rôle crucial dans ce domaine, étant une des plus grandes régions agricoles de France. Elle présente des signes forts de qualité et d’engagement envers l’agriculture biologique et la certification environnementale. Toutefois, un diagnostic du système alimentaire régional montre ses vulnérabilités et la nécessité de transitions vers des pratiques plus durables. Cela a mené à des initiatives régionales comme l’appel à projet sur le développement des circuits alimentaires locaux en 2018, et la feuille de route NeoTerra en 2019, qui vise une transition écologique et agricole d’ici à 2030.

Ces actions locales visent à intégrer l’agro-écologie, la biodiversité, la gestion de l’eau, et le soutien à l’agriculture et l’industrie alimentaire durable. Elles sont également couplées à des efforts pour augmenter l’engagement citoyen vers des pratiques plus écologiques et soutenables.

Le programme SEREALINA, qui a commencé en 2022 et se terminera en 2026, est un projet de recherche majeur qui vise à examiner ces questions en Nouvelle-Aquitaine. Financé par l’ADEME et la Région, il rassemble plus de 40 chercheurs de 11 laboratoires différents. Le programme s’attache à analyser et améliorer la résilience, la durabilité et la justice des systèmes alimentaires de la région.

Il inclut une large gamme de travaux de recherche, des diagnostics approfondis et des interactions avec les acteurs locaux pour échanger des connaissances et des pratiques.

L’importance de la transition des systèmes alimentaires vers plus de durabilité et de résilience est aujourd’hui primordiale. Cette transition n’est pas seulement une adaptation mais une transformation fondamentale des modes de production, de distribution et de consommation alimentaires. Elle nécessite des innovations technologiques, sociales et institutionnelles, et doit s’inscrire dans un objectif de justice sociale et économique, en rendant l’alimentation saine et durable accessible à tous. La Nouvelle-Aquitaine, grâce à ses efforts et ses projets, se positionne comme un leader dans la recherche de solutions pour des systèmes alimentaires plus durables et justes.

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