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Un site exceptionnel et fragile

Dans le cadre de la réalisation d’un projet professionnel, les élèves ingénieurs de la spécialité foresterie ont été mandatés par le Ministère de la Culture pour travailler sur les terrains boisés surplombant la grotte de Lascaux. Site exceptionnel situé dans le Périgord, Lascaux est une grotte découverte en 1940 qui a contribué à ouvrir une nouvelle page dans la connaissance de l’art préhistorique et de nos origines. Oeuvre monumentale, la grotte est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Surnommée le « Versailles de la pré-histoire », les peintures et gravures sont datées de 18 000 à 17 000 ans.

Fragile, le site originel n’est plus ouvert au public depuis 1963. L’excès de dioxyde de carbone induit par la respiration des visiteurs provoque une acidification de la vapeur d’eau expirée corrodant les parois. Plusieurs maladies se sont développées dans la grotte qui fait aujourd’hui l’objet de multiples programmes de conservation.

Une mission stratégique : définir un itinéraire sylvicole pour préserver Lascaux des infiltrations d’eau

En 1940, Lascaux est surplombée par des parcelles de vignes qui sont arrachées. Un reboisement naturel s’opère marqué de pins, de chênes, de châtaigners. Ces arbres qui ont aujourd’hui 70 ans sont malades ou âgés et, chaque hiver, un certain nombre meurt entraînant dans leur chute un déracinement de souche. Avec la recrudescence des tempêtes, la crainte est de voir une chute massive qui pourrait endommager la grotte, les arbres morts, supprimant la protection naturelle du site.

Une simple coupe d’arbres n’est donc pas envisageable sans reboisement car cela pourrait modifier l’hydrographie de grotte et ainsi augmenter l’eau qui ruisselle sur les parois, et donc sur les peintures rupestres. Si ces peintures sont si bien conservées, c’est grâce à l’étanchéité de la grotte, il est donc essentiel de bien mesurer avant l’impact qu’aurait la coupe des 180 pins qui la surplombent.

Une année pour effectuer les relevés nécessaires

Les étudiants en foresterie ont travaillé durant un an sur des modélisations informatiques, qui ont permis en février dernier de convaincre le ministère de la Culture de financer la pose de capteurs sur les arbres de Lascaux, mesurant l’eau absorbée et pompée par les différentes essences d’arbres, et donc l’eau excédentaire s’ils venaient à être coupés. Les élèves vont également devoir trouver un moyen de limiter la prolifération des racines qui apparaissent, et retrouver génétiquement leurs propriétés pour éviter à l’eau d’entrer dans la grotte. Les mesures réalisées par le groupe d’étudiants s’étaleront jusqu’en septembre 2017 et feront le sujet d’un stage de 3 mois.

Un rapport sera alors remis aux représentants du ministère avec les conclusions de l’étude. Si la décision de couper est prise, les pins seront alors abattus le plus doucement possible, avec un système de poulie et des chevaux, pour éviter au maximum les chocs et préserver la grotte.

En savoir + : jean-christophe.domec@agro-bordeaux.fr