Une bande dessinée qui aborde la question de la réduction de l’utilisation des pesticides en agriculture.
Avant-propos de la Bande-Dessinée
Cette bande dessinée aborde la question de la réduction de l’utilisation des pesticides en agriculture. Vaste question à laquelle contribue le projet de recherche MÉDÉE « vers des Mosaïques agricoles économes en pesticides : de la modÉlisation à la concertation territoriale pour le DÉploiEment des cépages Résistants ». Nous sommes nombreux à être convaincus, et en premier lieu les agriculteurs, de la nécessité de réduire l’utilisation des pesticides afin de préserver notre santé et celle de notre environnement. Mais construire des alternatives n’est pas chose aisée. Rapprocher recherche, conseil et pratique constitue une voie d’avenir pour relever ce défi. C’est l’intérêt de ce rapprochement et la multiplicité des enjeux sous-jacents que le lecteur découvrira dans ces pages qui retracent les échanges au fil de l’eau entre la cave coopérative « Nous, les vignerons de Buzet » et une équipe de recherche INRAE – Bordeaux Sciences Agro.
L’histoire compte bon nombre d’exemples de surexploitation collective de ressources communes, souvent des ressources naturelles en libre accès. Aucun problème de gestion lorsqu’elles sont abondantes. Mais qu’advient-il lorsqu’elles se raréfient et que s’installe un conflit entre intérêt individuel et intérêt collectif ? Leur gestion devient alors un vrai défi. C’est en ce sens, à travers l’exemple de gestion de pâturages en commun, que Garrett Hardin a popularisé le concept de tragédie des communs : la propriété commune d’une ressource conduit nécessairement à la ruine de celle-ci. Or, depuis les années 1970, les sciences sociales ont documenté de nombreuses communautés, présentes ou passées, gérant durablement leurs ressources sous le régime de la propriété commune. La politiste Elinor Ostrom (1933-2012) a d’ailleurs obtenu le prix Nobel d’économie en 2009 pour l’étude de ces systèmes (Locher, 2018).
De bien commun, il est effectivement question ici : les gènes de résistance aux maladies. La capacité de la vigne cultivée à résister aux maladies, conférée par des gènes de résistances hérités de parents sauvages de la vigne, est fragile. Tout comme l’utilisation des antibiotiques favorise la sélection de bactéries résistantes, cultiver des variétés résistantes favorise la sélection d’agents pathogènes capables de contourner les gènes de résistances aux maladies. Ces gènes, rares dans les vignes sauvages, sont soumis au risque de surexploitation dans les vignobles. Ils constituent de fait un bien commun à préserver sous peine d’en perdre le bénéfice.
D’organisation agricole pour gérer ce bien commun, il est aussi question ici : une coopérative viticole. Les stratégies durables de déploiement des variétés résistantes doivent être pensées à l’échelle du territoire, pour des raisons biologiques, mais également parce qu’il s’agit d’un construit entre un paysage et des acteurs. Le territoire est aussi l’échelle naturelle d’organisation et d’intervention d’une coopérative, où sont prises des décisions aussi bien individuelles que collectives, pour des stratégies gagnant-gagnant. C’est donc une organisation à même de garantir une gestion collective et durable de la résistance aux maladies des cultures.
Le nom de Médée, personnage de la mythologie Grecque, est issu du verbe grec μήδομαι « méditer ». Méditer sur les futurs possibles de l’agriculture et des variétés de vigne résistantes, telle est l’invitation de cet ouvrage intitulé « Les Résistantes ». Méditer tout en accompagnant le lecteur pour comprendre comment la dimension territoriale des coopératives est un atout pour préserver l’efficacité des résistances et prendre soin collectivement les paysages viticoles.
En savoir plus :
https://hal.inrae.fr/SANTE-PLANTES-ENVIRONNEMENT/hal-04604456v1
Scénario et Dessin : Louise Plantin
Direction Scientifique : Adeline Alonso Ugaglia et Frédéric Fabre
Contributions : Anne-Sophie Miclot, Jean-François Rey, Julien Papaïx, Loup Rimbaud et Marta Zaffaroni
Et la participation de la coopérative « Nous, les Vignerons de Buzet »
Contact : Adeline Alonso Ugaglia